Le géant des cerises débute sa récolte
Premier exportateur mondial de cerises, le Chili a entamé à la fin de septembre sa période de récolte. Si le pays écoule 90 % de ses cerises en Chine, il envisage de renforcer ses ventes vers l’Europe.
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Il n’y a pas qu’au Japon que la floraison des cerisiers est attendue avec impatience. Au Chili, l’évènement s’avère capital pour un secteur qui fournit environ 60 % des cerises exportées à travers le monde. À la fin de septembre, lors de la journée célébrant le lancement officiel de la récolte, qui durera jusqu’en janvier, le ministre de l’Agriculture, Esteban Valenzuela, a souligné le dynamisme de la filière. « Nous sommes les leaders mondiaux des cerises », a-t-il rappelé. « Grâce à nos produits de haute qualité, en termes de douceur et de saveur, et à notre industrie résiliente et moderne, nous allons continuer à croître. »
Lors de la saison 2022-2023, le Chili avait déjà exporté 415 000 tonnes de cerises, soit 17 % de plus que lors de l’exercice précédent. Ce commerce florissant, qui a apporté plus de 2 milliards d’euros, pousse les agriculteurs à se ruer sur ce qu’ils surnomment « l’or rouge ». Si le pays ne comptait que 3 000 ha de cerisiers en 2000, la superficie atteint aujourd’hui 62 000 ha.
La Chine en raffole
Le succès de ce fruit tient, avant tout, à la forte demande provenant du marché chinois, où le pays envoie environ 90 % de ses cerises. La Chine en produit elle aussi massivement (650 000 tonnes en 2022), mais elle dépend des exportations chiliennes pour couvrir ses besoins lors du nouvel an où il est de coutume d’offrir une barquette de cerises à ses proches. « Dans l’imaginaire populaire, la couleur rouge et la forme ronde sont des symboles de bonne fortune, explique Claudia Soler, qui dirige le comité des cerises de l’Association des exportateurs de fruits du Chili (Asoex). Au fil des ans, nous avons su bâtir une relation commerciale de confiance avec la Chine, si bien que la cerise est considérée comme l’emblème de l’amitié qui lie nos deux pays. »
Une zone soumise aux aléas climatiques
En comparaison, l’Europe ne représente qu’un marché auxiliaire pour les cerises chiliennes (4 612 tonnes y ont été envoyées lors de la saison 2022-2023, dont 139 seulement vers la France). Mais le Chili compte bien profiter de la renégociation de l’accord de libre-échange noué avec l’Union européenne, dont la signature est attendue d’ici à la fin de 2023, pour se renforcer dans la région. « Nous évaluons constamment nos possibilités de développement, assure Claudia Soler. L’Europe n’est pas prioritaire, mais nous saurons saisir les opportunités qui nous seront présentées ».
Aujourd’hui, la priorité du pays consiste à réduire les délais de livraison de ses produits, afin de garantir à ses clients une qualité optimale. Parallèlement, la filière cherche à incorporer sur son territoire de nouvelles variétés de cerises, qui supporteraient sans problème les quelques semaines de trajet. « Le Chili se situe à des milliers de kilomètres de ses principaux marchés, rappelle la dirigeante du comité. Des variétés plus résistantes renforceraient la compétitivité du secteur. »
Le dérèglement climatique pourrait néanmoins affecter à long terme le règne du Chili sur le commerce mondial des cerises. En juin, des pluies torrentielles (les plus fortes depuis trente ans) ont ravagé le centre et le sud du territoire, précisément dans les zones où les cerisiers sont les plus nombreux. Ces catastrophes naturelles ne semblent pas pour l’instant affecter l’optimisme de l’Association des exportateurs de fruits, qui estime que le Chili franchira les 700 000 tonnes de cerises exportées sur la saison 2026-2027.
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